Skip to main content

L'accident

Je roule en scooter 125cc depuis 2010, sous la pluie, le vent, ou le soleil étouffant. J’y trouve un gain de temps dans les déplacements et le stationnement. Avant mai 2022, je n’ai jamais subi ou créé d’accident, la prudence sûrement…

Le 4 mai 2022, un utilitaire a tourné sans prêter attention à ma présence et m’a percuté l’arrière du scooter, impossible pour moi d’anticiper une voiture qui me percute par l’arrière. Le compte rendu de l’expertise judiciaire relate que j’ai été projeté dans le mur de l’angle de la rue à 47km/h. Autant vous dire que le corps humain n’est pas prêt pour un tel choc, le bilan est lourd, 9 fractures : 6 côtes – 2 vertèbres – le cotyle gauche, une hémorragie cérébrale et un hémopneumothorax.

Le choc s’est produit un matin ensoleillé en me rendant au travail, vers 9h. Je suis pris en charge dans les 15 minutes, et après 30 minutes de perte de connaissance, un trajet vers le CHU de Bordeaux, je rentre au bloc pour 1h30 d’opération, qui se transforment en 5H30. Je vous laisse imaginer l’état de ma femme en salle d’attente, sans aucune nouvelle de l’équipe médicale.

Le lendemain au réveil, complètement épuisé et sous morphine à haute dose, je comprends la gravité de l’accident, ma femme tente de m’expliquer mais je passe les 5-6 jours suivant l’opération à dormir avec quelques courtes phases de réveil. Je suis perdu, je ne sens plus mes jambes, ne les bouge pas, et ma femme, ce roc, reste forte à mon chevet pour me ré-expliquer chaque jour ce qu’il s’est passé. Mes amis proches sont là, quasiment chaque jour, pour soutenir ma femme et ne pas la laisser seule dans cet épais brouillard.

Le chirurgien passe : j’ai subi un énorme choc, « la moelle épinière c’est complexe, on ne sait pas trop ce que ça va donner, il faut garder espoir ».

Deux mois alité sont nécessaires pour la convalescence. Mon corps ne doit pas se plier à plus de 45°, ma première position assise se fait après 7 semaines et 14 kg perdus. Je sors la huitième semaine et me dirige vers le centre de rééducation.

Le séjour en rééducation dure lui 7 mois, j’y apprends à utiliser ce nouveau corps, les nouveaux déplacements et passer des obstacles en fauteuil, me doucher, m’habiller, et re-muscler les parties du corps qui fonctionnent encore après la lésion médullaire et la fonte des muscles pendant les deux mois allongé.

Ces 7 mois m’ont également permis de réaliser un énorme travail psychologique et mental long et difficile, mais nécessaire pour avancer : l’acceptation. Je découvre le mot résilience, j’ai un support incroyable de ma femme, et les copains sont ultra-présents. Des idées noires me traversent, mais on me tient la tête hors de l’eau, les amis sont indispensables, ma femme et moi parlons beaucoup, comment affronter ce tsunami, comment se préparer à cette nouvelle vie, tout est remis en question. L’appartement qu’on vient d’acheter, le projet d’enfant, nos prochains voyages annuels à l’autre bout du monde, tout, vraiment tout doit être repensé

Le bilan : j’ai deux choix, me morfondre, me plaindre, abandonner et rester assisté toute ma vie, gâcher mon reste de vie et celui de ma femme. Ou alors, je me bats, et têtu comme je suis, me (re)voilà !